Acquisition d’une officine : quels financements ?
Publié le 10 décembre 2020

Financer l’achat de son officine est une question délicate que se pose de nombreux professionnels. Et pour y répondre, plusieurs solutions financières s’offrent à eux. Tour d’horizon de celles qui sont les plus utilisées.

 

L’apport personnel

 

L’acquisition d’une officine, en particulier pour les primo-accédants, suppose généralement le recours au prêt bancaire. La plupart du temps, ce prêt est consenti aux seuls pharmaciens dotés d’un apport personnel qui varie selon les projets. Autrement dit, le montant du prêt bancaire accordé dépend du montant de l’apport personnel que le pharmacien va engager. Aussi, les pharmaciens disposant de peu de fonds propres risquent d’être limités quant au choix de l’officine à acquérir.

 

Rappel : le prix de cession d’une officine avoisine 76 % de son chiffre d’affaires hors taxes* (61,7 % pour les officines réalisant moins de 1,2 M€ de chiffre d’affaires et jusqu’à 85,3 % pour celles dont le chiffre d’affaires dépasse les 2 M€). Les professionnels raisonnent plus aujourd’hui sur un multiple de l’EBE (moyenne nationale : 6 fois l’EBE).

 

*Source : « Prix et valeur des pharmacies 2019 », Interfimo

 

Le recours à la SEL

 

Dans le cadre d’une Société d’exercice libéral (SEL), l’acquéreur de l’officine peut s’associer à un pharmacien « investisseur ». Concrètement, ce dernier peut apporter des fonds propres destinés à financer l’acquisition de l’officine, en contrepartie de la détention de parts sociales (moins de 50 %). Le montant total des fonds propres (apport personnel du pharmacien et apport du pharmacien « investisseur ») permet à l’acquéreur d’obtenir un prêt bancaire plus élevé, et donc de viser l’achat d’une officine plus importante. Attention toutefois, il est primordial de fixer, au sein d’un pacte d’associés, les compétences et relations entre le pharmacien « exploitant » et le pharmacien « investisseur ».

 

À savoir : créée par la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), l’Union nationale des pharmacies de France (UNPF), Interfimo et Incit’financement Auvergne-Rhône-Alpes, la plate-forme de crowdfunding (levée de fonds grâce au financement participatif), baptisée « PharmEquity », permet aux jeunes pharmaciens de faire appel à l’épargne de pharmaciens titulaires désireux d’investir dans une Société d’exercice libéral (SEL) ou une Société de participation financière de professions libérales (SPFPL) le tout juridiquement sécurisé par un pacte d’associés.

 

Les « booster d’apport »

 

Pour aider les pharmaciens à s’installer, certains groupements et grossistes-répartiteurs ont instauré des boosters d’apport. C’est le cas, en particulier, de la CERP Rouen (Astera) qui propose une aide à l’installation sous la forme d’un prêt cautionné, octroyé par une banque partenaire, qui vient compléter l’apport personnel de l’acquéreur et s’ajouter au prêt bancaire principal. Ce prêt cautionné, qui permet à l’acquéreur de disposer d’un apport personnel de 20 %, est remboursable sur une durée de 7 à 8 ans. En contrepartie, l’acquéreur doit s’engager, notamment, à réaliser 80 % de ses achats répartitions (génériques compris) auprès de la CERP Rouen durant toute la durée du prêt.

 

Les emprunts obligataires

 

L’emprunt obligataire consiste pour un pharmacien candidat à l’installation d’intégrer un fonds d’investissement dans son plan de financement. Dès lors, la société créée pour exploiter l’officine émet des obligations convertibles en actions au profit du fonds. En contrepartie, ce fonds prête au pharmacien de quoi constituer un apport pour l’obtention d’un prêt bancaire. Le pharmacien est alors soumis à un taux de rémunération de l’emprunt, parfois élevé, auquel s’ajoute une prime de non conversion des obligations pour sortir du dispositif. Des conditions financières jugées contraignantes par le Conseil de l’Ordre et les principaux syndicats de pharmaciens, lesquels estiment qu’elles peuvent mettre à mal l’indépendance professionnelle du pharmacien. À ce titre, sachez que les notaires Pharmétudes sont très réservés quant à l’utilisation des emprunts obligataires.

 

Le crédit vendeur

 

Enfin, pour faciliter la vente de son officine, le cédant peut accorder à l’acquéreur un crédit vendeur sur le fonds. Concrètement, il diffère le paiement d’une partie du prix de vente de l’officine. L’acquéreur peut ainsi faire valoir le montant du crédit vendeur qui lui a été accordé auprès de son organisme bancaire, un montant qui sera alors considéré comme faisant partie de son apport personnel.

 

© Pharmétudes 2020

Actualité