Quelle évolution de la téléconsultation en officine ?
Publié le 29 octobre 2020

Désormais autorisée en officine, la téléconsultation se révèle être un atout majeur, en particulier dans le traitement des maladies chroniques ou dans le cadre d’une situation sanitaire nécessitant de limiter les déplacements de la population.

 

Toutefois, ce dispositif n’a pas vocation à remplacer toutes les consultations médicales en présentiel. Explications.

 

Une pratique encore marginale…

 

Sans surprise, la téléconsultation a pris son envol pendant le confinement lié à l’épidémie de Covid-19. 4,5 millions de téléconsultations (remboursables par l’Assurance maladie) ont ainsi été enregistrées en avril 2020, contre seulement 40 000 en février 2020. Durant cette période une consultation sur quatre s’est déroulée à distance.

 

Mais force est de constater que post-confinement, les téléconsultations ont chuté, ne représentant plus que 3 % des consultations médicales (assurées par les médecins généralistes) en septembre 2020. Preuve que la téléconsultation n’est donc pas (encore ?) entrée dans les habitudes des Français.

 

Et ce, malgré la volonté des pouvoirs public de développer ce dispositif, en inscrivant dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2021 un remboursement intégral (contre 70 % aujourd’hui), par l’Assurance maladie et pour deux ans, des actes de téléconsultation. L’objectif du gouvernement étant, bien entendu, de répondre à l’urgence sanitaire mais aussi d’améliorer l’accès aux soins dans les territoires sous médicalisés.

 

… qui ne doit pas devenir la règle

 

Certes, la téléconsultation permet aux pharmaciens de développer leur offre de services et, par là même, de conforter leur mission de conseil auprès de leur patientèle. Mais sa mise en place ne se fait pas sans efforts : l’aménagement, au sein de l’officine, d’un espace permettant d’assurer la confidentialité entre patients et médecins ainsi que l’achat d’équipements nécessaire à la vidéotransmission et à la prise des constantes (tensiomètre, oxymètre, stéthoscope…). Des investissements aujourd’hui compensés, en partie seulement, par une participation forfaitaire de l’Assurance maladie : 1 225 € la première année et 350 € les années suivantes.

 

En outre, bien que parfaitement adaptée au suivi des maladies chroniques, la téléconsultation ne peut répondre aux besoins des consultations plus complexes pour lesquelles l’expertise du professionnel de santé et le présentiel demeurent essentiels. Et encore moins devenir une réponse (par dépit) au problème d’accès aux soins dans les territoires en manque de professionnels de santé. En effet, sans remettre en doute la nécessité, pour les officines, de développer des services de proximité au profit de leur patientèle (comme la téléconsultation), seule une meilleure répartition (et une augmentation) des médecins sur le territoire français pourra permettre d’assurer la viabilité et la valorisation des officines. Espérons que l’abandon du numerus clausus et le développement des structures pluriprofessionnelles de santé aideront à atteindre cet objectif !

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